Climat

mardi 15 janvier 2008

Simone de Beauvoir occupe un coin de l’actualité. Je ne sais plus dans quel hebdomadaire, le Nouvel Observateur je crois, on l’aperçoit de dos, dénudée en assez belle femme dans sa salle de bains. Cela n’ajoutera pas une ligne de gloire supplémentaire à son oeuvre, qui m’a toujours été étrangère. Ce temps de chien vous force à rentrer chez soi, pluie et vent mêlés qu’on tente de retrouver dans ses idées. La phrase qu’on écrit alors s’inspire du cadre tumultueux de la fenêtre. J’arrive de Nantes, ma ville natale où avec quelques écrivains et à l’instigation de la revue Place publique et de son directeur, nous avons à plusieurs tenté de parler de Julien Gracq. La Loire n’avait pas l’air de s’en préoccuper, cette eau qui a enfoui en elle toutes mes clameurs d’enfant. Se promener dans la ville où l’on a vu le jour (et aussi la nuit), c’est errer dans les parages de sa naissance. Pour moi, dans une rue qui monte, et que j’essaie aujourd’hui à nouveau de gravir à l’aide de la corde à nœuds de mes premières impressions. De la maison de mes ancêtres maternels, il ne reste que le souvenir que limite toujours un très ancien mur gris ; du jardin, jadis abondant, ne subsiste qu’un lotissement de villas et toujours de temps à autre des portions de cette enceinte obstinée qui borde plutôt l’ombre de ce qui a été. M’y accouder me rendrait-il les images d’autrefois ? quand le ciel à l’enfant que j’étais paraissait tomber des arbres ? Des bêtises, quoi, dont je me rappelle aujourd’hui, à 19 heures.

Notre président voyage dans les Emirats Arabes Unis, un pauvre chauffeur routier a trouvé la mort à cause de la chute d’un arbre, c’est l’hiver. Il y a toujours en Colombie des otages aux mains des FARC, certains seraient enchaînés jour et nuit, comment des hommes peuvent-ils infliger un tel calvaire à d’autres hommes ? La rue en bas de chez moi tisse à travers la vitre son commentaire. Des voix montent dont je ne perçois pas les paroles. Déjà la littérature !

Michel Chaillou