Le Matamore ébouriffé

roman, Fayard 2002, « Le Livre de poche » n°30195

Manuscrit donné au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France

4e de couverture

Issu d’une famille originaire des Alpes, Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, devient la tête hurlante de la Révolution française à ses débuts. Né le 9 mars 1749 d’un père génial et cruel, Victor Riqueti, l’auteur célèbre de L’Ami des hommes, et d’une mère indolente, Marie-Geneviève de Vassan, originaire du Limousin, si endormie qu’elle sait à peine qu’elle existe, l’enfant passe son enfance dans les bois et les forêts du Gâtinais, au Bignon, entre Nemours et Montargis. Après une carrière aventureuse, pleine de bruits et de fureurs, il meurt le 2 avril 1791, épuisé, semble-t-il, par une vie dissolue. La Nation en pleurs accompagne en terre son héros mais, deux ans plus tard, à la suite d’une prétendue trahison, elle disperse furieusement ses restes dans une tourbe anonyme.Au printemps 1796, un homme revient sur les premiers pas d’Honoré Gabriel, à la recherche de ce que fut Mirabeau enfant, puis jeune homme. Les témoins des premières années vivent encore. Mais comment démêler dans leurs propos le vrai du faux ? On ignore tout de l’enquêteur, qui semble venir d’un autre temps. L’homme interroge, mène une sorte d’enquête cousue de fils blancs et de fils noirs, ajoutant son mystère à celui que suscitent ses propres questions.

Extrait (prologue)

Le vent parlerait d’eux. Mais quant à savoir ce qu’il dit ? Des paroles en l’air restent des paroles en l’air, une agitation, de vaines turbulences. D’ailleurs peut-on fonder un récit vraisemblable sur ce qui souffle, arrache, exténue ? Pourtant, dès que commence la jérémiade des portes et fenêtres, que le ciel s’envenime, que l’orage et ses rixes déchirent la nue, tonnerre assorti d’éclairs, il semblerait selon des témoins dignes de foi qu’on approche des mœurs fantasques de cette famille presque hurlée, toujours en état d’ébriété morale, surtout si au plus sourcilleux de l’heure s’enfle je ne sais quelle diatribe de voix éparses, manière de chœur commentant l’action principale, elle à jamais perdue, qui les faisait tous s’agiter comme de beaux diables et dont ne subsisterait que la rumeur, les averses et querelles, un trouble nuageux, mais plus aucun discours identifiable (qui a dit vraiment quoi et à qui ?), comme si d’avoir été prononcé à un moment par la bouche oraculaire de la tempête le destin lui-même de ces Mirabeau balbutiait, ne trouvait plus ses mots pour les décrire, falsifiant déjà leur excessive intempérance en intempéries, alors le père ne ressemble plus au père, l’épouse à la femme, à la mère, le fils aîné à l’héritier du nom, la sœur à la sœur, le frère au frère, l’aimée à l’amant, de sorte qu’une nouvelle éloquence s’avère nécessaire pour rendre compte du soubresaut de telles vies, mais comment puiser dans les ressources de la rafale sans en ressortir la tête dérangée ?

Revue de presse

La critique des médias

Michel Chaillou