Les Habits du fantôme

roman, Seuil Jeunesse 1999

4e de couverture

A Paris, mais un Paris que vous ne soupçonnez pas, dans un quartier perdu, au sein d’une pension de famille, quelqu’un disparaît. Sa chambre est restée fermée de l’intérieur, de même semble-t-il ses fenêtres, et pourtant, aux dires des témoins, l’homme, assez jeune d’allure, s’est évaporé. Un inspecteur, Tone de son vrai nom, Charles de son prénom, est chargé de l’enquête. C’est à ce policier, plutôt inconséquent, qu’à la préfecture de police on confie d’ordinaire les missions impossibles, les histoires délicates, celles qui réclament de l’inattention et de l’astuce, un suffisant doigté pour éviter de courir le risque qu’avant d’être élucidé le mystère ne s’envole, trait d’ongle dans un ciel clair. Il est aidé dans cette tâche subtile par François, photographe de presse au journal l’Indifférent. Car dans ce type d’énigme assez volatile, les mots ne suffisent plus. Il faut à tout prix les augmenter d’images afin de multiplier les indices, accroître ainsi nos chances d’approcher au plus près la vérité, l’inconcevable et troublante et murmurante vérité.

Extrait (première page)

(Retrouvez les images de François Delebecque)

Au début, ce fut sa voix au téléphone. Je travaillais au journal, hésitant entre plusieurs tâches, toutes urgentes. Le ciel à la fenêtre était à mon image, de méchante humeur : pluie, bourrasque. « Le printemps retourne en hiver! », venait juste de gueuler Raymond depuis le bureau vitré d’à côté. Raymond, le rédacteur en chef, un homme blond aux traits rustiques qui s’empoigne dès le matin pour paraître énergique. J’essayais donc d’éclaircir les nuages de ma paperasse éparse sur le bureau, quand la sonnerie retentit. – Allô ! J’identifiai aussitôt Charles Tone, son accent traînard. Il parle comme s’il avait gardé dans sa bouche des bulles du Mississipi, fleuve sur les bords duquel il naquit d’un père garagiste et d’une mère française. Cette fois-ci, il avait sorti sa phrase des grands jours, celle empesée, un tantinet suffisante. Il m’appelait, m’expliqua-t-il, se permettait de m’appeler, vu notre longue amitié et aussi parce qu’il pensait — ça voulait dire qu’il était sûr — que la chose m’intéresserait. Il avait une façon de prononcer les choses comme si ses lèvres s’en détournaient déjà avec horreur, ce qui en effet suscita aussitôt chez moi une extrême curiosité …

Michel Chaillou dans le rôle de Charles Tone, l’imprévisible inspecteur de l’histoire

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Michel Chaillou