1945

Une enfance occupée par l'armée allemande. Des années d'effroi où, à la suite de sa mère, l'auteur de ce récit, alors dans son plus jeune âge, pactise à son insu avec l'ennemi.

Prix Breizh 2006, Prix Ouest 2006, Prix des audiolecteurs 2007.

récit, Seuil, 2004

Le Figaro littéraire (Angelo Rinaldi)

Maman aime les blonds

«Je couche avec un soldat allemand.» Ne croirait-on pas la première phrase d’une confession de Mlle Arletty ? Qui s’exprime ainsi d’entrée est un écrivain se rappelant le gamin qu’il fut ; en proie à des terreurs nocturnes, […] On ne relira plus ses ouvrages précédents sans entendre leur battement sourd [des souvenirs], ni constater, une fois encore, qu’une douleur est toujours à la source d’une oeuvre de qualité. Qu’elle va se déguisant de livre en livre jusqu’au jour où, parvenu en des parages testamentaires, on crache enfin le morceau, au terme d’un «porte-à-porte avec les ombres».

[…] Les pages de M. Chaillou ont la rousseur des feuilles qui se détachent de l’arbre. Elles recouvrent l’enfant qu’il fut, et que nous sommes tous sous la défroque et les grimaces de l’adulte, jamais consolé de rien, à l’approche de la nuit. (12 février 2004)

L’Humanité (Jean-Claude Lebrun)

L’année zéro

Entre autobiographie et autofiction, Michel Chaillou construit depuis bientôt quatre décennies une oeuvre portée par un bousculement de mots. Un déferlement d’une rare longévité, qui paraît loin encore de vouloir s’épuiser. Une manière d’anti-minimalisme, presque de trop-plein, dont 1945 permet de mieux comprendre l’origine. L’écrivain rassemble en effet dans ce dernier récit ce qu’il avait tenu jusqu’à présent dispersé. Il s’écarte du genre romanesque, de ses coups de pouce petits et grands au réel, pour évoquer l’épisode sans doute fondateur de son écriture. On aura compris que ce texte inspiré et superbe nous offre quelques précieuses clés, en même temps qu’il nous propose quelques vues saisissantes de l’occupation et de l’immédiat après-guerre.

[…] Avec aussi une manière de gravité nouvelle, un aspect moins joueur de mots que dans les précédents textes, même si le flot ne s’est pas tari. Du coup un nouvel équilibre s’installe. Si la virtuosité incontestablement demeure, le récit gagne en ampleur et en densité. Comme si ce livre de l’ » année zéro  » de Michel Chaillou était également son grand livre de la maturité. Restituant les turbulences d’un temps et des êtres qui l’habitèrent, avec pour seul principe d’en approcher au plus près la vérité. (11 mars 2004)

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Magazine Littéraire

Chaillou est un remarquable metteur en scène. Il braque les projecteurs du souvenir – lumières et ténèbres d’une période en noir et blanc où alternent les peurs et des joies d’autant plus prisées qu’elles sont extirpées d’un quotidien menaçant – sur l’âme d’un garçon bousculé par les siens, par l’Histoire, mais qui reste vindicatif, hypersensible et débrouillard. Capable d’affronter les événements à sa manière de poète victorieux. Le temps des guerres est aussi celui des découvertes. (sélection d’avril 2004)

Le Temps (Isabelle Martin)

La vie en 1945

Après l’enfance nantaise de La Croyance des voleurs, l’adolescence marocaine de Mémoires de Melle, les études à Poitiers de La Vie privée du désert, voici le quatrième livre où Michel Chaillou, alias Samuel Canoby (son double, à qui 1945 est dédié), raconte sa vie : en 1993, il définissait ce projet comme «une épopée des gueux, un grand remuement confus suivant une ligne autobiographique avec beaucoup de fantaisie. Car pour moi, «je» est une foule». (15 mars 2004)

Témoignage Chrétien

En se retournant avec tendresse vers cette jeune femme qui se blottissait contre lui autrefois sur le sable, en retrouvant ses pays de Loire, sa Bretagne enfuie et le petit peuple des siens […] Michel Chaillou accomplit un doux devoir de mémoire. Et réussit un merveilleux livre. (25 mars 2004)

La revue des deux mondes (Francine de Martinoir)

Ses livres sont comme autant de lettres d’amour à sa mère, de demandes de pardon et, dans ce dernier, passe, en un même mouvement vers la mer et l’aventure, loin des groupes humains qui font peur au narrateur, le frémissement qui bouscule la vision ordinaire des choses et donne naissance à l’écriture. (mars 2004)

Le devoir (Guylaine Massoutre)

Michel Chaillou, un esprit libre

Michel Chaillou livre, avec 1945, un important morceau du puzzle de son oeuvre. Cette Libération, il fallait qu’elle soit aussi un pan de sa vie, le contraire d’un prétexte ou d’un alibi. Quelque chose qui n’arrive pas qu’aux autres. Une «recouvrance». Ce mot ancien, médité par Chaillou, rime avec «endurance», «tolérance», «espérance» et leurs contraires. (3 avril 2004)

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Nouvel Ouest (Jean-Yves Paumier)

Malgré la gravité du temps et la complexité des situations, ce récit est un nouveau vagabondage littéraire qui se lit comme un véritable roman et qui offre une petite gourmandise de mots justes. Un livre lumineux et fluide qui touche le coeur. (août 2004)

Nice-Matin (Laure Bruyas)

Les phrases, belles étourdies, se noient dans ce roman expiatoire. Les mots baguenaudent entre ombre et lumière, racontent le battement d’une aile de libellule, les allures débraillées du soleil au petit matin, l’infime et l’infâme […] Ce long murmure sur 261 pages danse sur presque rien. Et pourtant, il dit presque tout. (7 mars 2004)

lelittéraire.com (Frédéric Grolleau)

On n’est plus comme à l’accoutumée sur l’étroite crête qui sépare tout en les reliant autobiographie et autofiction, mais sur la pente abrupte d’un poétique compte à rebours des origines. Qui est aussi un retour sur les commencements de la mémoire. Incontestablement, un livre de la maturité. Donc un grand livre.

 

Michel Chaillou