Le Dernier des Romains

De retour de la guerre d'Algérie, un jeune professeur de lettres, Samuel Canoby, est affecté dans un vieux lycée du centre de la France. Ses aventures, ses rêveries. Vit-il à Montauvert ou à Rome sur Gartempe ? Est-il né dans les années 30 ou en 125 après J.C, comme Apulée son maître, l'auteur latin de l'Ane d'or ?

roman, Fayard 2009

La Croix (Dominique Gerbaud)

Torpeurs poitevines

Michel Chaillou excelle dans la minutieuse introspection de la mélancolie humaine et avec ce génie du maniement de la langue et du rythme de la phrase, avec ce brin d’humour toujours au coin d’une histoire. il promène et ravit le lecteur. Pour mieux le ramener à l’essentiel, la meurtrissure algérienne. On y revient sans cesse. Samuel est de cette génération souffrante qui dès le deuxième verre « trinque avec son service militaire ». Michel Chaillou lui aussi malade de l’Algérie et, à près de 80 ans, il livre l’un de ses romans les plus intimes. (jeudi 20 août 2009)

Valeurs actuelles (Bruno de Cessole)

Le dernier des Romains est un beau et nostalgique roman de la mémoire, de ses intermittences, de ses épiphanies, un roman qi s’invente au fil de la plume et des réminiscences du narrateur, Castor vieilli qui ressuscite des limbes le jeune Pollux qu’il fut et ramène dans ses filets l’or du temps. (6 août 2009)

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L’Humanité (Jean-Claude Lebrun)

Portrait en jeune homme

C’est un roman qu’on lit avec une émotion particulière. Dans la longue liste des livres de Michel Chaillou, Le Dernier des Romains fait entendre une sonorité très singulière. Une combinaison de légèreté et de gravité, de nostalgie et d’ironie, pour évoquer les débuts dans l’enseignement au retour de la guerre d’Algérie. L’écrivain, dont on sait la flamboyance du verbe et la virtuosité d’écriture, a choisi cette fois de tenir un récit mezza voce, tout en retenue. S’il tient une manière de chronique souriante de la vie d’un jeune professeur célibataire au début des années soixante dans la région poitevine, il aborde aussi un chapitre douloureux dont les images n’ont jamais cessé de le poursuivre … (18 juin 2009)

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L’Actualité Poitou Charentes (François Bon)

Digression majeure

Michel Chaillou n’a décidément pas changé. Rien, ni ses livres. C’est la syntaxe, qui le définit, et une façon de marcher – en langue, s’entend. C’est un promeneur : et toujours le même jardin quasiment à l’identique, mais où il déploie une fois de plus toute la littérature appelée, ses âges, ses pilotes (d’autres qui lui ressemblent). ( avril-mai-juin 2009, n°84)

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L’article sur Remue-Net

 

Ouest France

Michel Chaillou invite son ami Canoby

L’auteur de la Croyance des voleurs est à la Fnac avec le Dernier des Romains.

Ouest France (entretien avec Daniel Morvan)

Michel et Michèle Chaillou à la Cigale

Michel Chaillou, romancier né à Nantes le 15 juin 1930. Il a obtenu en 2007 le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre.

Michel Chaillou, vous publiez à nouveau une « semi-autobiographie ». Pourquoi « semi », et pas « entière » ?

Parce qu’une autobiographie, c’est le jour et la nuit. Le jour est ce que nous savons de nous-mêmes. La nuit, c’est la part d’ombre, la préhistoire. La nuit du récit. Ce qu’on invente.

De quoi parle ce livre ? De vos trente ans, alors que vous étiez jeune professeur dans le Poitou ?

Oui, Le Dernier des Romains vient après d’autres livres : La Croyance des voleurs, Mémoires de Melle et La Vie privée du désert. Ce roman raconte les aventures d’un jeune professeur de lettres qui, rentrant de la guerre d’Algérie, est affecté dans le vénérable lycée de Montauvert. Il se fait un ami, un latiniste que j’appelle Jean Raison, et qui a existé. (samedi 7 mars 2009)

Lire aussi la note dans le blog de Daniel Morvan, Chien de lisard

Presse Océan (portrait par Stéphane Pajot)

Michel Chaillou, un écrivain libéré

Il a chopé une sacrée grippe. Une qui lui a fait perdre « quatre kilos en huit jours » et creusé des cernes sous les yeux. Son épouse, son « premier comité de lecture » lui a acheté un beau chapeau bleu et il n’a pas quitté sa longue écharpe blanche. Vendredi soir, Michel Chaillou, Nantais qui vit à Montparnasse, auteur de près de trente livres, est quand même venu à la Fnac de Nantes présenter son nouvel ouvrage Le Dernier des Romains, tout juste sorti chez Fayard. « Ça lui fait du bien de sortir, parfois il s’ennuie », glisse sa moitié. Michel Chaillou est un bon client, comme on dit dans le jargon de la presse, pour désigner ceux qui n’ont pas la langue dans leur poche, qui parlent avec passion.
Car Michel Chaillou, au-delà de son statut d’auteur reconnu (il a reçu le Grand prix de littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre) défend l’écriture et ses praticiens. « Pour moi, un écrivain, c’est un style, une manière. Il sait estampiller les mots d’une façon différente ». Et lui ? « L’ordinateur m’a libéré il y a dix ans. Comme j’étais maniaque, je raturais toujours, je perdais peut-être ma pensée. J’ai plusieurs cahiers pour prendre des notes pour chaque livre. J’écris sous la dictée de mes nuits ».
A l’image de quatre autres de ses ouvrages, dont le magnifique La Croyance des Voleurs, l’écrivain, âgé aujourd’hui de 78 ans, marche à nouveau sur les traces de sa jeunesse. « J’ai la chance d’être servi par une mémoire quasi pathologique, je me rappelle de tout ». Le héros a pour nom « Samuel Canoby. C’est mon double littéraire ». On le suit de retour de la guerre d’Algérie. « Samuel se vit un peu comme un âne, c’est-à-dire gauche et maladroit, indécis mais aussi fougueux dans le plaisir. C’est un latiniste et un Romain de cœur, un homme qui s’émerveille de tout et rêve sa vie ». Et l’avenir ? « J’ai dix-sept projets de romans ! »(12 mars 2009)

Le Nouvel Ouest

Comme toujours avec Michel Chaillou, le véritable sujet du livre ne serait-il pas le style ? C’est bien lui qui s’impose à l’histoire même pour laisser découvrir un monde spécifique, à mi-chemin entre le vrai et le faux, et qui n’existe que par le regard porté. (juin 2009)

Sud-Ouest (Gérard Guégan)

Un amoureux fou rentre de guerre

La dégustation à l’aveugle s’applique aussi à la littérature. Autrefois, j’en étais fanatique. Couverture masquée, on ouvrait un livre dont on devait deviner le nom de l’auteur après en avoir lu une page. C’est un jeu cruel, peu de romanciers y résistaient. Eh bien, tandis que je lisais  Le Dernier des Romains de Michel Chaillou, et que je me laissais, une fois de plus, emporter par sa musique, je me suis rappelé ce jeu de ma jeunesse, tant le style de Chaillou possède une facture bien particulière. Voici d’ailleurs comment débute ce roman, aussi autobiographique que le fut « L’Éducation sentimentale » pour Flaubert :

« C’était dans les années je ne sais plus quand, soixante sans doute ? Attendez que j’y réfléchisse. J’étais jeune alors, trente ans à peine, tout juste si je commençais à entendre les jours me murmurer mon âge à l’oreille. J’arrivais d’Algérie, de la guerre. J’enseignais les lettres dans un vieux lycée pacifique à Montauvert… »

Ça caresse et, dans le même temps, ça grince. À croire que Chaillou, dans la vie, doit être tantôt rivière, tantôt torrent. N’empêche qu’en un minimum de mots, l’intrigue est posée. On est dans un temps où les « possibles » n’ont pas été encore remisés au grenier, où l’enseignement s’assimile encore à un credo, où chacun rêve d’embrassades furieuses dans les recoins d’un lycée par trop « pacifique », et enfin on est dans un temps où il y avait une guerre. Les Français parlent mal et peu des guerres, pas comme les Américains. Des guerres coloniales encore moins. Chaillou, qui connaît cette réserve trop pudique pour être honnête, évoque l’Algérie comme un Fabrice le retour de Waterloo. Voilà qui fait beaucoup, direz-vous : Stendhal après Flaubert… Si ce n’est que Chaillou mérite de telles comparaisons. Les désarrois de son professeur participent d’une volonté de donner à voir un monde qui n’existe que par ses yeux. Le roman est un mensonge qui dit le vrai. Chaillou le sait. (« Livre ouvert », dimanche 22 mars 2009)


Rencontres

  • A la Bibliothèque nationale de France, interrogé par Jean-Didier Wagneur le 21 mars 2009.
    L’enregistrement
Michel Chaillou