La preuve par le chien

roman, Fayard 2005

Manuscrit donné au Département des manuscrits de la Bibliothèque nationale

4e de couverture

Claude et Claudine Maresquier, lui professeur de lettres, féru de Victor Hugo et de rêveries, elle l’œil aux aguets et l’ironie mordante, partent un été en vacances à Guernesey, l’île qui accueillit l’illustre exilé et bannit les chiens. Les lettres enflammées que Claude envoie à son cousin psychiatre éveillent l’inquiétude de ce dernier. Il décide, accompagné de son épouse, de rejoindre les Maresquier qui ne donnent bientôt plus de nouvelles. Même hôtel vénérable qui semble comme enchanté par le temps passé, même chambre : un couple en chasse un autre, disparaît à son tour et le doute s’installe. Ces Français sont-ils ce qu’ils paraissent être, de simples touristes qui enquêtent sur le beau temps ? Quelques semaines plus tard, Charles Mauconseil, un détective qui soupçonne autant les êtres que les choses part sur leurs traces. Tout lui semble illusions, mirages dans ces îles Anglo-Normandes où la mer, pourvoyeuse d’énigmes, se montre souvent enragée. On entend le ressac, et le lamento d’un chien entre les vagues. A quoi assista-t-il pour gronder ainsi et ne pas se laisser approcher ? Michel Chaillou livre ici un grand roman de mystère, envoûtant et poétique.

Extrait (première page)

Ils étaient venus comme cela pour un séjour dans les îles. Enfin l’idée avait germé bizarrement en elle à Paris durant les grandes secousses de l’hiver. Pourquoi n’irions-nous pas ? Elle s’exprimait toujours avec la même retenue craintive, laissant à chacun le soin d’achever ses phrases un peu mourantes. Lui, en vrai, aller là ou ailleurs, après tout pourquoi pas ? Et puis VH y a vécu, rappelait-elle. Mais VH n’était pas vraiment de leurs intimes. Justement, c’était peut-être l’occasion ? Oui, mais l’occasion, souligna-t-il avec humeur, c’est d’abord affronter la mer mouvante et dans une région où elle a plutôt mauvaise réputation. Elle écarta d’un revers de main de telles appréhensions. On ne peut quand même pas rester éternellement chez soi à l’abri de ses volets. Un peu de risque donne du sel à l’existence, du mouvement aux sensations. Elle qui souhaitait tellement courir le monde, elle en avait parfois assez d’être rivée à quelqu’un pour qui, désormais, sortir de son quartier semblait déjà tout un voyage. Il se récria, lui rétorquant en souriant qu’elle ne comprenait rien à sa personne, mais qu’en effet le doute l’avait gagné devant toutes choses, qu’il traînait avec lui un sac de perplexités. — Même l’ombre de nos talons reste un mystère. Ne trouves-tu pas ?

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Michel Chaillou