Archives de l’auteur

Les derniers jours heureux

Radio

Tous les soirs, du 24 décembre 1977 au 1er janvier 1978.

Une improvisation en direct dans un programme spécial composé par Alain Veinstein. Réalisation coordonnée par Evelyne Frémy et Marie Rose Dérouet.

"Ici les derniers jours heureux, un bateau, un livre, une voile ajoutée aux dernières heures de l’année. Il fait nuit noire. J’émets sur petite fréquence de rêve. Depuis le large des îles Marschall, à des centaines de milles à l’est de la Papouasie Nouvelle Guinée. Douze mois que je suis parti de France, 362 nuits par soleils nagés, lune et étoiles immergées, courants, danger des récifs. Mes pensées à force de baigner dans la saumure sont presque poissons … Ecoutez…"

Perdus dans la mer de Weddell

Radio

Un feuilleton en neuf épisodes réalisé par Jean Couturier, diffusé sur France Culture du 1er au 10 août 1977

Neuf hommes en perdition sur une banquise de l’Antarctique tentent, après le naufrage de leur navire l’Aventure, de gagner la terre ferme incarnée par plusieurs îles au large du continent antarctique.Ils s’aident dans leur progression angoissée successivement de chiens, de traineaux, d’embarcations, de rames, de voiles. Nous assistons à leur odyssée par le truchement d’un poste émetteur ne possédant aucun retour. Ils appellent sans savoir si on les entend. Ils appellent comme des sourds, au milieu de la glace chancelante, de la mer démontée, dans la rage du vent et des monstres marins. Pendant neuf jours, l’auditeur se trouve branché sur un effroi au pôle sud. Le hasard a fait que France-Culture, sur modulation de fréquence, a pu les entendre.

Tout finira bien. Ils seront sauvés.

Avignon Coeur de lion ou les quatre samedis du roi Richard

Radio

Chanson de bruits et de voix avec la participation fortuite des habitants, le temps d’un festival. Aventure héroïque mêlée de prose et de vers, mise en musique par les rues, les places, le Rhône. Feuilleton inventé par une ville, avec l’aide bénévole et de tous les instants d’un rémouleur d’histoires, racommodeur de propos, et de ses machines. Douze épisodes d’un quart d’heure, trois par samedi, joués sans comédiens et réalisés par Janine Chollet.

Madame de Sévigné chante

Radio

Une émission de l’Atelier de création radiophonique sous-titrée "ou quelques moments d’une préoccupation dramatique alllant du château des Rochers au musée Carnavalet, en passant par le métro parisien".

Virginité

Le manuscrit et ses brouillons. Présentation du roman

Derniers regards et émotion devant les trois boîtes du manuscrit reçu par Marie-Laure Prévost

(mars 2008)

Colloque de l’Université du Littoral Côte d’Opale

Appel à contribution, printemps 2015

Les organisateurs du colloque « Michel Chaillou : l’écriture fugitive », qui se tiendra les 25 et 26 février 2016 à l’Université du Littoral Côte d’Opale, en partenariat avec l’Université d’Angers, viennent de lancer l’appel à contribution sur le site Fabula. Les réponses sont requises avant le 30 juin 2015 auprès de François Berquin et Catherine Haman.

Les actes du colloque seront publiés par ROMAN 20/50.

L’Illusionniste

Dramatique TV

Dans une maison très vaste dégradée par le temps vivent un homme et une femme. Lui se nomme Jérôme et a 25 ans; elle, Agathe, en a 30. La maison située au fond d’un jardin à l’abandon (tonnelles effondrées, arbres emmêlant leurs branches, vagues statues à moitié détruites, bancs rompus, etc, ) n’est pas complètement habitée. Seuls paraissent vivants le rez-de-chaussée et deux pièces du premier. Les paroles échangées au cours des événements se ressentiront de cette nuit des étages …

C’était en 1984. Le projet (entièrement abouti) est aussi resté dans les tiroirs du service des dramatiques de l’époque.

Essais

Extrait d’Un songe pourtant cadastrable » (Jacques Réda)

[…] Cette façon absolue d’envisager la littérature est un des mérites de Chaillou. La plupart des auteurs n’écrivent que pour annihiler les autres, et ceux qui plus ou moins n’ont pas cette préméditation, souvent à peine consciente et presque toujours vouée au ridicule, feraient pourtant mieux d’apprendre à jouer de l’harmonica. Mais l’ambition de Chaillou semble un peu différente. Il voudrait être tous les livres à la fois, non bien sûr dans leur multiple singularité décourageante, mais en mordant à même l’unique racine qui les alimente de son suc songeur et capiteux. Car s’il y a un rêve de L’Astrée, il doit y en avoir un qui rêve ce rêve de L’Astrée, en même temps que celui de cent mille autres bouquins. Un autre mérite consiste à ne pas se satisfaire de songer. […] En effet, élaborer une écriture qui permette d’entrer dans la substance profonde commune à tous les livres, c’est parer du même coup à tout danger d’encerclement. Voilà probablement ce qui explique la curieuse impression qu’on tire, à lire la moindre page de Chaillou, d’un mouvement qui tout à la fois s’enhardit et se dérobe, mouvement qui imprime son allure au livre pris en entier. Achevé Le Sentiment géographique, on se convainc d’avoir simultanément glissé jusqu’au fond du rêve de L’Astrée, et lutté avec un ouvrage qui ne traite jamais le sujet. Chacun à sa manière, Domestique chez Montaigne et Le Rêve de Saxe offre le même type de cohésion interne et de contrariété, un contraste encore plus tranché entre une fourmillante population de détails précis, érudits, et son but vers lequel chaque page qui dribble comme un virtuose étourdi, inspiré, s’enfonce comme dans un nuage hypnotique.

[…] J’imagine Chaillou devant sa page – pierre – nuage. Il guette, louvoie, fait marche arrière, rature, reprend, tombe dans d’insondables abîmes d’ennui, de mélancolie ou d’hébétude, puis soudain fonce (trois mots), fond comme fondent également ses métaphores qui provoquent un tourbillon d’air plein de plumes d’aigle, d’étincelles et de laine d’agneau. Ensuite ça recommence. Il n’a aucune facilité. Ceux qui, sur preuve, s’obstinent à lui en reconnaître une considérable, n’ont rien compris, et on leur conseille amicalement de se taire. On ne lutte pas au nom du facile contre une passion. Ainsi, naviguer toujplrs au plus près et s’abandonner à un rêve; conjuguer le sommeil et l’état d’éveil le plus pointu, cela revient sans doute à définir l’attitude idéale du poète, plus qu’en particulier celle de Chaillou. Mais je n’ai peu-être pas voulu dire autre chose, et cela me dispense d’une conclusion.

Extraits d »Une géographie du trouble » (Jean-Pierre Richard)

(A propos du Sentiment géographique)

Qu’est-ce que le « sentiment géographique » ? C’est, répond Michel Chaillou dans l’essai ainsi nommé, « cette évidence confuse que toute rêverie apporte sa terre », celle-ci étant à la fois son texte écrit et son pôle matériel, texte visitable comme un sol, lisible comme les pages feuilletées d’un livre. Ici, ce livre est L’Astrée, dont Michel Chaillou entame la « lecture herbagère et ce lieu le Forez, pays où depuis le fabuleux murmure des voix burgondes, jusqu’au XVIIe siècle précieux, puis jusqu’à nous, et par la médiation, entre autres, de ce genre littéraire oublié, mais apparemment si moderne, la pastorale, les bergers n’ont cessé de conduire leurs troupeaux les arbres de pousser leurs feuilles, les fleuves de couler leurs eaux, et les habitants de dormir (avec une perfection particulière, à en croire Chaillou) dans la lente rumination de ces merveilles. Ainsi se présente Le sentiment géographique, ce livre dont le charme constant ne doit pas masquer la profondeur ni sans doute l’ambition. A travers les méandres, parenthèses, repliements d’une seule longue phrase, dont le cours semble entièrement livré à l’empire de ce que Mallarmé, l’un des garants de l’aventure ici tentée, nomme le démon de l’analogie, ce qu s’invente et s’opère c’est, peut-être, une nouvelle façon de lire. Faut-il la définir ? On la dira fondée sur le principe d’une contamination, ou d’une contagion, ou plutôt d’une réversibilité générale mise en oeuvre (et sans cesse contenue, entretenue, nourrie par l’invention critique elle-même) entre les divers registres matériels, ou niveaux fonctionnels de la lecture. […]

(A propos de La Croyance des voleurs)

[…] Il y a donc dans ce roman un parler-voleur qui radicalise et théorise peut-être un certain parler-Chaillou, savoureux, toujours inimitable. De cette parole singulière, à la fois orale et raffinée, il faudrait, mais ce serait là un autre projet, reconnaître les principaux choix stylistiques, les figures aimées, la manière, unique, où une force des choses s’y lie à une « fortune des mots »,ou des « mots dans les mots », pour « dégourdir » le sens, dégeler le langage, à la manière rabelaisienne cette fois, l’y ouvrir au virtuel, à la surprise, à l’étrange. Mais à une étrangeté qui rejoint toujours un thème familier. […].

Ecriture de la cambriole encore, où les mots se mettent à courir (à voler) parce qu’ils sont de multiples manières (c’est la rhétorique) déviés, détournés de leur usage ordinaire. Et ce dévoiement rejoint une duplicité foncière du désir : « J’avais parlé voleur à Ellen, un langage double, à triple fond ? Du vrai en même temps que du faux, des phrases à grande poche. On y glisse ce qu’on veut. » Il y a ce que le langage sait, et aussi comme dans l’étagement d’une pyramide, ce qu’il ignore, ce qu’on découvre brusquement en lui, ou en nous.

Lire Chaillou, c’est vider à chaque moment cette « grande poche » d’écriture; c’est déverser sur nous le plein de sa besace, sa corne d’abondance.

Extrait d' »Un livre de sommeil » (Jacqueline Risset)

On peut rêver de livres qui sortent du sommeil comme d’un bain, portant encore sur eux son essence, ses gouttes, sa rosée. Mais peu d’écrivains, peu de personnages ont le courage de s’abandonner ainsi au sommeil qui anime et relie par liens d’herbe ce qui nous importe. Comme une seule phrase glissant insensiblement sur une surface horizontale et molle. Il s’agit du sommeil et du rêve ensemble, sans que le rêve domine: du sommeil et du rêve vus par la littérature, la littérature vue comme un usage plein, épanché, de la langue, en ce cas de la langue française – cette langue d’eau, cette langue glissante et transparente, émerveillante et sommeillante. Le Sentiment géographique, de Michel Chaillou, parcourt à la fois la plaine de Loire et les pages qui ouvrent les six mille de l’Astrée, en liant et fondant leurs composantes comme le font le sommeil et le rêve.

La Femme Orange

Scénario de cinéma. Le projet présenté en mai 1969 avait obtenu l'avance sur recettes

Scénario original de Michel Chaillou. Adaptation cinématographique, Serge Witta. Dialogues de Michèle et Michel Chaillou. Une histoire des années 1950. Un jeune homme, pion, ses amours, ses rêves et  une mystérieuse silhouette … Tout était prêt à être filmé. Le scénario avait

L’Armée taciturne

Premier roman, écrit au retour de la guerre d'Algérie, en 1960, avec la Princesse de Clèves pour modèle lointain.

Le livre assez inégal fut à deux doigts d’être publié.

Cela commence ainsi :
« La nouvelle se répandit avec éclat dans tout le voisinage. Ali, habile dans les exercices du corps, grimpa au faîte de la ville, sur la plus haute tour. La guerre, depuis cinquante ans, éclaircissait le pays et quoique l’accoutumance à cet état eût gagné les esprits, ces accidents actuels n’en

L’histoire qui n’existe pas

Télévision scolaire

Un feuilleton pédagogique : l’histoire dont on projette seulement l’ombre, est à inventer par les enfants. En effet, le corps du mystère manque à l’appel !

Michel Chaillou