Blog-notes (2007 – 2013)

Au jour le jour (avec quelques pauses), ce qui me passe par la tête, ce que je lis, je vis…

Quelques lignes en passant

dimanche 2 novembre 2008

En cette période de crise planétaire, peut-être serait-il temps de se rappeler quelques gestes simples, celui de tourner la page, d’aller par exemple dans la campagne, celle aussi de son esprit, pour lire l’herbe haute, déchiffrer le coin obscur d’un champ, marcher entre les villages (regroupement d’idées) pour retrouver l’essor de l’horizon, s’attabler au coude à coude avec ses chimères dans une

Actualité

10 octobre 2008

A une époque où il est de bon ton de parler d’écrivains planétaires (voir journaux ultra-récents), où, nous dit-on, il est du dernier chic quand deux écrivains français se rencontrent qu’ils se parlent en anglais (sans doute pour se rendre plus universels), j’aspire à être un écrivain cantonal, qu’un bout de chemin comble d’aise ou la corne d’un bois, et pour qui faire le tour du pré c’est déjà accomplir un tour du monde, et qui parfois discerne dans la fissure d’un mur les étrangetés d’une voie lactée. Mais assez sur le sujet. Je vais aller lire Samuel Butler, Ainsi va toute chair (deux tomes dans la collection folio), traduit par l’incomparable Valery Larbaud. J’en parlerai une prochaine fois.

L’intime

mercredi 3 septembre 2008

Je lis actuellement le Journal d’un écrivain de Virginia Woolf paru aux éditions Christian Bourgois (traduit très précisément par Germaine Beaumont) et reste confondu, très touché par la franchise de ses mots entrés en pourparlers avec eux-mêmes. Elle y explique comment

Table des matières

dimanche 10 août 2008

Avez-vous lu Sauf-Conduit de Boris Pasternak, cette autobiographie tumultueuse de la jeunesse du poète publiée par les éditions Corréa qui existaient autrefois au 166 bd du Montparnasse ? J’ai un exemplaire entre les mains traduit par Nathalie Azova et durant une semaine j’ai essayé de

Rêveries balnéaires

dimanche 3 août 2008

J’arrive de La Baule. Huit jours à se déconsidérer devant la mer. Car comment conserver une attitude digne de ce nom devant ce grand chambardement de vagues que constitue un océan? J’y errais avec ma famille sur la plage, ou ailleurs. La nuit,

Télévision

dimanche 13 juillet 2008

Le Tour de France, le tour de mon enfance, cette nuée de jeunes gens qui, tête dans le guidon, s’efforcent d’arriver vainqueurs à l’étape et le pays inconnu connu qui s’éparpille sur leurs flancs, cette contrée des bas-côtés, profilée en châteaux, en vallées plongeantes, en promontoires rocheux, et la robe des plaines qui s’étale, et le village rassemblé au bord de la route, autour de la foi de ses vieux

Apprendre à tourner la page

4 juillet 2008

L’on me dit parfois que la littérature serait en péril, que la grande masse du public s’en détournerait. Mais qui peut se
détourner de la vie intérieure ? Le style, cette manière de soulever le loquet de la réalité pour y découvrir ce qui s’y cache, intéressera toujours les noctambules du jour. Certes le plus grand nombre s’assemblera autour de ces chiffons de papier que le moindre lieu commun noircit, parcourra avec satisfaction la galerie d’horreurs des bêtises d’une époque, c’est-à-dire les best-sellers. Qu’y faire ? Mais les âmes rares, les

Retour

mercredi 25 juin 2008

Après un surprenant voyage à Bologne, ville de mes ancêtres maternels, je me retrouve chez moi, triturant mes quelques livres familiers, les prenant en long en large et en travers, lisotant au hasard. Aujourd’hui la Correspondance d’Etienne Pasquier, un contemporain de Montaigne. En particulier cette lettre où il s’exprime sur l’auteur des Essais.  En voici quelques passages :

Archéologie

dimanche 25 mai 2008

En cette époque où sévit toujours, hélas, sur les ondes le critère de Panurge : classement des livres selon leurs ventes, des films par leur nombre d’entrées en salle (à quand le livre qui ne se vend pas ? le film génial qui écarte ses spectateurs ?), enfin, un miracle, à la première page du journal Le Monde, à la date du 16 mai 2008, cette tête de César repêchée dans le fin fond du Rhône, dans le fin fond du temps, et qui

Déménagements

mardi 6 mai 2008

A force d’ouvrir des livres comme des portes, des portes du temps parfois depuis longtemps verrouillées, ce Traité des synonymes françois de feu l’abbé Girard (1753) qui m’émeut dans tous ses mots, tant on a l’impression d’y entrer par effraction, d’y surprendre des significations endormies qu’on réveille à peine le temps d’une lecture. Deux siècles et demi déjà que la clé n’a pas tourné dans la serrure de la page de garde.

C’est par l’humeur qu’on est gai,

écrit le regretté abbé Girard. Et qui ne sent ici planer avec cette évidence

Lectures

lundi 14 avril 2008

Lu hier au soir un passage très étonnant de l’écrivain anglais de la fin du XVIIIe siècle Matthiew Gregory Lewis, l’auteur du fameux Moine célébré par les Surréalistes, lu donc dans son Journal de voyage à la Jamaïque où cet écrivain, alors âgé d’une quarantaine d’années, possédait quelques plantations vers lesquelles il voguait pleines voiles, lu que les marins de l’équipage, pour s’occuper l’esprit, alors que le vent soufflait et que la mer se soulevait, lisaient des ouvrages divers et qu’en particulier, quand l’un déchiffrait une comédie, l’autre se distrayait avec une brochure sur l’élevage des abeilles alors qu’un troisième déchiffrait à voix haute Les Souffrances du jeune Werther, et d’une voix monocorde comme celle d’une prière au temple ou à l’église.
Était-ce pour

Angleterre

vendredi 28 mars 2008

Le critère de Panurge toujours en action ce matin à cette radio où l’on classe les émissions de TV de la veille au soir selon leur audience. On en vient à souhaiter qu’il n’y ait plus personne devant le petit écran, ce qui serait un signe de qualité. Il faut donc que cela plaise à tout le monde, une expression que j’exècre, alors que chaque être est singulier, chaque chose unique.

Exemples : qui se préoccupe

Agacements ou le critère de Panurge

vendredi 21 mars 2008

Cette phrase hier dans un grand quotidien par ailleurs de qualité, cette phrase à propos de deux romans à succès, la voici texto :

Ils mettent en scène des personnages « vrais » (appréciez au passage les guillemets) dans lesquels tout le monde peut se retrouver.

Mais je ne me retrouve pas dans Don Quichotte, j’assiste à autre chose, à l’Espagne, je ne me retrouve pas dans Les Âmes Mortes ni dans La Fille du Capitaine, c’est la Russie qui m’égare. Car lire un chef d’oeuvre c’est se perdre, partir dans l’inconnu, explorer d’autres mondes et la phrase de l’écrivain (l’analogue du coup de pinceau pour le peintre) ouvre, engage le voyage. Lire alors, c’est

Anachronismes

25 février 2008

J’aimerais parler en ce soir pluvieux d’un de mes contemporains d’origine italienne, l’abbé Michel de Pure né en 1620 et mort en avril 1680 et auteur, parmi d’autres ouvrages, d’un roman La Prétieuse ou Le Mystère des ruelles. Oui, ces précieuses tant moquées par Molière dans sa si mauvaise pièce Les précieuses ridicules. L’abbé sous un nom d’emprunt s’introduit chez ces dames et rapporte leurs paroles devant un feu qui flambe alors que les vers qu’elle décrient ou qu’elles louangent tombent en cendres en même temps que les bûches. De quoi parlent-elles

Michel Chaillou