Archives de l’auteur

La Petite Vertu

Huit années de prose courante sous la Régence. Une anthologie et un roman-rumeur des mots d'une époque.

Balland 1980, rééd. Seuil 1990

Le Nouvel Observateur (Jean-Paul Aron)

Le drapeau noir flotte sur la Régence

Quel texte, histoire, chronique, poésie, qu’importe, flouant les genres, crevant les systèmes, provoquant les modes, quelle écriture, précieuse et cruelle, baroque et frondeuse, éloquente et taquine, traquant un temps, l’enveloppant, le restituant mieux que les plus beaux ouvrages d’érudition ! Déjà, dans Le Sentiment géographique, superbe rêverie autour de L’Astrée, Michel Chaillou avait imposé sa maîtrise, produit du luxe et de l’ascèse. Aux singuliers de sa trempe, ressortissent les conjonctures qui dérangent, où l’on ne sait plus sur quel pied danser, où la mise en cause des valeurs s’opère sous l’apparence de la grâce, où les bouleversements politiques conspirent avec l’afféterie des usages, où le réel s’emballe dans la fiction. Les Régences, de Concini ou du duc d’Orléans, sont de celles-là. On s’y repaît de bonne chère, on descend aux frénésies d’amour tandis que les affaires sont aux abois; en 1715, on respire après la mort du roi divin et que la vieille guenon s’est retirée à Saint-Cyr ; on apprend le siècle, né sans doute trente ans avant, quand des philosophes intrépides discutent la légitimité de l’ordre établi ; on tâte des savoirs et des techniques qui vont, cinquante ans plus tard, régir l’idéologie: et la langue française, une belle langue, conçue par Richelieu comme instrument du pouvoir, se met à l’épreuve de ces matières émoustillantes. On publie sur l’herborisation et l’art de guérir, les voyages et la cuisine, le chocolat et le jardinage, le flux et le reflux de la mer, les bienfaits des eaux d’Abbecourt, sur la chasse et sur la pêche, sur les instruments de musique. On s’émeut des baleines [… ]. On exalte le roi des abeilles, si différent des autres mouches, le ventre large, l’allure puissante, traitant l’essaim en dominateur. On dessine l’économie du futur, on enseigne les négociations boursières et les principes de l’agiotage. A ces divers, à ces riens et à ces grandes choses, à cette étoffe décousue, à ce merveilleux babillage qui promet bien davantage qu’il ne présente, à cette prolixité découvrant les mouvements secrets du corps social, Michel Chaillou offre une préface époustouflante …(janvier 1981)

Libération (Philippe Boyer)

L’étourneau et l’Isabelle

La Petite Vertu se présente comme une anthologie de textes de prose non littéraire accompagnés de textes de Michel Chaillou restituant l’environnement historique de l’époque. Il est question de jardinage et de médecine, de recettes de toutes natures, de chroniques du moment, de science, de botanique, de tout ce qui fait finalement la vie ordinaire ou peu ordinaire dans la France de la Régence. Et pourtant quand on a dit ça on n’a rien dit d’un livre qui n’a rien de commun avec ce qu’il est convenu d’appeler « anthologie », mais qui est d’abord et avant tout le quatrième livre de fiction de Michel Chaillou dont le personnage central, comme dans les trois livres précédents, est la langue elle-même. (30 octobre 1980)
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Les nouvelles littéraires (Jean-Louis Ezine)

Ici, c’est le peuple qui parle et scribouille, et sa langue est parfois aussi verte, légère et anonyme, qu’une fille de petite vertu. Elle court, elle court, sur le pavé de la  Régence. (23 au 30 octobre 1980)

Le Matin (Laurent Dispot)

Un Missisippi de mots

Amours, délices et orgues ! Jouez hautbois, résonnez musettes ! Voici le livre le plus joliment écrit de l’année, il nous ferait verser des pleurs de joie, et de nostalgie : Michel Chaillou dans la Petite vertu restitue la langue française à elle-même. Tout un pan disparu du monde merveilleux des mots revient à nous d’un coup, frais comme au premier jour : c’est un jardin, un grand jardin; une navigation, un Mississippi, un rêve … A nous la prose « courante » de la Régence : elle nous guérira, elle nous fortifie. (2 décembre 1980).

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La quinzaine littéraire (Gilles Lapouge)

A la cueillette des rumeurs mortes

Les mots qu’a emporté le temps, les mots qui courent dans la rue, les mots de ménage et de cabaret, le brouhaha et la rumeur, la fureur et le chuchotis, les mots mal fagotés, les pauvres mots des pauvres, que sont-ils devenus et où sont-ils nichés quand deux siècles et demi ont passé ? Michel Chaillou est allé à la cueillette. Il a ramassé un plein panier de phrases qui furent dites sous la Régence, entre 1715 et 1723, et depuis elles dormaient à poings fermés dans leurs in-folio, mais elles respiraient encore, et maintenant qu’on les réveille, elles gigotent comme des mulots à la fin de l’hiver (décembre 1980).

 

L’Humanité (Jean Rocchi)

« Avec privilège du rêve »

La Petite Vertu n’a pas de précédent, donc pas de modèle : il s’agit bien du retour d’un écrivain moderne dans ces années du début du XVIIIe siècle. Et Michel Chaillou entreprend un véritable roman historique dont les héros ont ou auraient réellement vécu, mais dont le principal est la langue française. La mort de Louis XIV, par exemple, qui après lui osera tenter de la revivre autrement ? C’est un maelstrom d’esprit. (mercredi 15 juillet 1981)

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Les nouvelles pédagogiques (Nicole Zucca)

Michel Chaillou, un historien de l’air du temps

A lire pour les enseignants de lettres et de sciences humaines, amateurs de détournement. (15 septembre 1981)

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Le Figaro (Bruno de Cessole)

De même que certains mystiques ont perçu l’odeur du temps, de même Michel Chaillou a su humer les effluves qu’exhale la prose du temps, ce terroir où la frontière s’estompe entre le rationnel et le merveilleux, où grouille une humanité fauve, « où croissent les roseaux, les baumes sauvages, l’argentine … » (11 avril 1990)

Nice-Matin

On ne s’ennuie pas une seconde à côtoyer ces propos familiers, vifs, clairs, cette époque vue de la base, de la coulisse, du coin des gueux, au carrefour de tous les métiers, à la croisée des écritures anonymes. (18 février 1990)


Radio

Après la réédition de La Petite Vertu dans la collection Fiction & Cie, Seuil 1990

  • Panorama, France Culture du 11 janvier 1990, interview par Pascale Casanova
  • Du jour au lendemain, France Culture du 14 mars 1990, interview par Alain Veinstein,
    Ecouter l’émission

Cette émission a été présentée en archive dans La nuit rêvée de Michel Deguy le 10-11 octobre 2015 (notre note d’actualité)

L’Hexaméron

Un livre collectif en collaboration avec Michel Deguy, Florence Delay, Natacha Michel, Denis Roche, Jacques Roubaud.

Seuil, 1990

Révolution (Jean-Claude Lebrun)

Proses extrêmes

A partir de préoccupations communes et d’un semblable désir de remonter à la source de l’écriture, c’est à six circuits à la découverte de l' »extrême contemporain » que nous convient ces écrivains, réunis là par de puissantes affinités intellectuelles. Devant ces textes qui tournent à grande vitesse, il faut oser se payer le luxe d’une lecture lente, puis d’un « replay » au ralenti pour en repérer les finesses et les subtilités, pour en saisir la foisonnante polysémie et en apprécier les beautés : la Frise,  » un pays éclairé par des moitiés de soleil, de lune l’hiver, mais du feu dans l’autre, dans l’esprit, une façon bien à eux qu’ont les Frisons de se comporter devant les éléments », écrit Michel Chaillou. Ici il est interdit, sous peine de dérapage fatal, de détacher le regard des textes qui se précipitent à votre rencontre. Mais en retour, toutes les sensations sont garanties au lecteur, de l’affolement devant le défilé de certains concepts « pointus » à l’extase devant les trouvailles d’écriture. (16 mars 1990)

Le Monde (Josiane Savigneau)

Ce petit livre – où l’on retrouvera, avec intérêt ou irritation, selon ce que l’on pense de chaque auteur, des textes très caractéristiques des écrivains susnommés -, Denis Roche qui le publie dans sa collection Fiction & Cie, le commente avec beaucoup d’humour. « Nous ne sommes plus à un âge où, d’habitude, on constitue des troupes littéraires. Nous nous y mettons quand tous les autres, eux, ont plutôt divergé ». […] « Nous avons en commun notre intérêt pour la littérature qui se fait aujourd’hui. Beaucoup d’écrivains ne lisent pas leurs contemporains. Nous tous, nous lisons ce qui sort et nous nous posons des questions. » Tout est bon, selon Denis Roche, et on ne saurait lui donner tort, pour lutter contre l’apathie qui règne actuellement en France à propos de la littérature. ( vendredi 23 mars 1990)

Petit guide pédestre de la littérature française au XVIIe siècle (1600-1660)

Le Paris des écrivains sous Henri IV et Louis XIII, sous un ciel qui a droit au chapitre (co-auteur, Michèle Chaillou).

Ce livre est le premier volume de la collection Brèves littérature que j'ai dirigée de 1990 à 1996 chez Hatier.

Hatier 1990, Fayard 2000, Pocket 2017

Ce qu’en a dit Pierre Bourdieu …

… Et on ne peut qu’approuver une tentative comme celle de Michel Chaillou lorsque, se fondant sur le primat du sentir, de l’éprouvé, de l’aisthèsis, il propose une évocation littéraire de la vie littéraire, étrangement absente des histoires littéraires de la littérature : en s’ingéniant à réintroduire dans un espace littéraire singulièrement confiné ce qu’on peut appeler, avec Schopenhauer, les parerga et paralipomena, les entours négligés du texte, tout ce que les commmentateurs ordinaires laissent de côté, et en évoquant, par la vertu magique de la nomination, ce qui fit et fut la vie des auteurs, les détails familiers, domestiques, pittoresques, voire grotesques ou « crotesques » de leur existence et de son décor le plus quotidien, il opère un renversement de la hiérarchie ordnaire des intérêts littéraires. Il s’arme de toutes les ressources de l’érudition, non pour contribuer à la célébration sacralisante des classiques, au culte des ancêtres et du « don des morts, comme disait Saint-Augustin, mais pou appeler et préparer le lecteur à « trinquer avec les morts », comme disait Saint-Amant : il arrache au sanctuaire de l’Histoire et de l’académisme des textes et des hauteurs fétichisés pour les remettre en liberté. Comment le sociologue, qui doit aussi rompre avec l’idéalisme de l’hagiographie littéraire, ne se sentirait-il pas en affinité avec ce « gai savoir » qui recourt aux associations libres rendues possibles par un usage libéré et libérateur des références historiques pour répudier la pompe prophétique de la grande critique d’auteur et le ronron sacerdotal de la tradition scolaire ?

(Pierre Bourdieu, Les règles de l’art, « avant-propos », pp. 12-13, Editions du Seuil, 1992)

L’Express (Anne Pons)

Le promeneur accompagné

Ce « petit guide pédestre », est-ce un nouveau manuel pour les joggers ? Sa couverture nous rassure, où des piétons de Paris, en costmes du XVIIe siècle, s’apprêtent à rendre visite aux écrivains de leur temps.

[…] L’auteur de « La petite Vertu » redécouvre la notion de biographie, celle des auteurs, connus et moins connus, des lieux traités comme des personnes, des événements historiques et des thèmes : bien des merveilles inexploitées attendent l’honnête homme de l’an 2000 à la lumière de l’écriture.

et, à propos de la création de la collection « Brèves littérature »

Rapides, intenses, laconiques, les textes de « Brèves » sont des galeries nouvelles creusées dans la vieille mine du patrimoine. Plusieurs volumes par siècle, de vrais thèmes bien trouvés, voilà de quoi désenclaver les îlots des manuels à l’ancienne. Michel Chaillou, la conviction personnifiée, a déjà su nous mettre en appétit avec ce beau triplé. ( 1er juin 1990)

La Croyance des Voleurs

Un roman de l'enfance, en bord de Loire, à Nantes. Première apparition de Samuel Canoby, le héros d'une série à demi autobiographique, partagée entre fiction et réalité.

Prix des Libraires 1989, prix de la Ville de Nantes, prix Vitet de l'Académie Française.

roman, Seuil 1989

Le Monde (le feuilleton de Bertrand Poirot-Delpech)

L’air et les paroles

Il y a deux manières de faire quand un écrivain entreprend de raconter une enfance, généralement à partir de ses propres souvenirs. Ou il rapporte faits et propos du haut de l’âge mûr qu’il a atteint, y projetant avec attendrissement la logique et l’art de peindre venus ensuite; ce dédoublement touriste est le cas le plus fréquent, et ce peut être réussi, voyez Pagnol. Ou bien l’auteur tente de retouver du dedans le chaos de perceptions au milieu duquel l’enfant a découvert son corps en train d’exploser, le monde lointain entrevu à l’école, les aberrations et les hypocrisies des adultes proches, ainsi que le pouvoir mythifiant des mots, si ceux-ci, comme c’est normal chez un futur écrivain, l’ont précocement fasciné. Cette reconstitution artiste, on ne l’a vue à l’oeuvre, dans la précédente génération, que chez le Queneau de Zazie et chez Gary, versant Ajar. Parmi les auteurs vivants dans la force de l’âge, je ne vois que Chaillou et le Rezvani des Années-lumière qui tiennent ce périlleux pari. […]

Dès les premières phrases, un style distinct de la koiné, et qui n’appartient qu’à Sammy, nous implique de force dans la quarantaine, l’ostracisme presque l’autisme, où on l’a enfermé. Naïvetés à fendre l’âme, pure poésie et intuitions revanchardes se mêlent sans cesse dans la mesure qu’il prend du monde, et du savoir censé en rendre maître. […]

Sammy-Chaillou joue de la langue classique en la rechargeant d’approximations fiévreuses, en recomposant l’innocence sauvage et la chasse au bonheur propres à l’adolescence. Bien que le petit héros avoue ne pas savoir tenir un archet, il fait penser à un enfant qui tirerait d’un violon gracile pour musique baroque des accents rapeux de valse tsigane, comme ça d’instinct. (3 mars 1989) Lire l’article

Télérama (Michèle Gazier)

Un mal, des mots

« Chez nous on a une table, quatre chaises, plus l’éternité.  » Voilà, c’est la première phrase, et on ne peut plus s’arrêter de lire. Souffle court et regard en alerte – Michel Chaillou a l’art d’écrire entre les mots – on est bousculé, ému, ébouriffé. (22 février 1989) Lire l’article

Le Nouvel Observateur (Jean-Louis Ezine)

En plein dans le Nil

On a beau dire ; rien ne se conserve mieux que l’éternité. Quand elle meuble la mémoire de chimère intactes, comme ici, quand elle fait un croche-pied au temps qui voudrait filer, « Se souvenir, écrivait naguère Chaillou, c’est comme prier :Dieu bouge au fond du sac. « Et Michel Chaillou est un fameux receleur d’émotions, qui nous ouvre là tout son sac. Un moment rare, à goûter les coudes sur la table, les poings dans les joues. (23 février 1989) Lire l’article

Le Figaro (Patrick Grainville)

La danse des mots

Les mots ne sont jamais à leur place, ils permutent, ils s’inversent, se contaminent, pêchent à la ligne, culbutent et frisent. Chaillou, c’est chamboule tout. (16 janvier 1989)

La Quinzaine littéraire (Francine de Martinoir)

Kleptomane

Voici que La Croyance des voleurs naît d’un miracleles retrouvailles avec le garçonnet que Michel Chaillou a été, avec ses premières années enfouies bien loin. Ce miracle est possible grâce à la rencontre entre le mouvement de la narration, vif et plein de dialogues, et le pays intérieur, celui d’avant tous les récits, celui qu’on ne reconnaît parfois qu’au bout de longues années. (1er au 15 mars 1989) Lire l’article  

Le Canard enchaîné (Dominique Durand)

La mémoire pyramide

Ici, dans une langue puissante, il nous montre que la littérature est un travail : un de ces travails, d’abord, où l’on immobilise le cheval que l’on va ferrer, et le travail de l’enfantement, aussi. Embarquez sur sa felouque. (25 janvier 1989)  Lire l’article

L’Evénement du jeudi (André Clavel)

Chaillou, l’enfance d’un corsaire

Michel Chaillou dit souvent qu’il aimerait retomber en enfance. Mission accomplie : son dernier roman, une merveille, serpente sur les bas-côtés broussailleux de la mémoire et nous entraîne, à cloche-pied, vers un pays de Cocagne dont un adolescent est le prince. (16 février 1989)  Lire l’article

L’Humanité (Claude Prévost)

L’art de doubler la vie

Si j’osais, je ne parlerais que du style. Car c’est bien lui qui, d’emblée, accroche le lecteur patient, attentif et gourmand. […] Michel Chaillou excelle dans ce que j’appellerai, faute de mieux, « la poésie du quotidien ». (18 janvier 1989)

Libération (Jean-Didier Wagneur)

Le pharaon de Nantes

La Croyance des voleurs témoigne de la volonté de Chaillou de poursuivre son travail sur le langage et le récit dans une perspective jusque là inédite. Il écrit ici un authentique roman populaire qui rompt à première vue avec ses livres étiquetés plus difficiles même si, thématiquement, La Croyance des voleurs appartient à la même caravane bibliographique. S’interdisant toute pose dans le populisme, c’est un livre nomade, de bonne aventure, un texte oriental qui déménage sans cesse. (12 janvier 1989)

Révolution (Bernard Chambaz)

La coursive d’Hermès

La Croyance des voleurs trace un livre d’une pureté et d’une puissance rares. Langue étincelante comme – en pays de Loire- l’herbe de février. Destin écrit (où ça ?), mais faut-il rappeler que l’histoire de l’Egypte a disparu dans les flammes de la Bibliothèque d’Alexandrie ? (10 février 1989) Lire l’article

La Vie

Le récit de Sam a des résonances psychanalytiques, parfois ésotériques, qui relèvent à la fois de la poésie, du romanesque ou de l’autobiographie. Le personnage est si fort qu’on le suit, irrésistiblement attiré. (16 février 1989)

Quoi lire Magazine

Michel Chaillou est un fameux conteur: il n’est sans doute pas loin de cet enfant qui parle fort et qui court vite, et qu’il fait si bien vivre à coups de phrases serrées, nerveuses et pleines de joyaux. (février 1989)

La Liberté de l’Est (Gérard Noël)

L’oeuvre poétique et inspirée d’un véritable alchimiste du langage

Ce roman se lit comme on boit une liqueur. En gardant dans la bouche, le goût très prenant des mots. Et qu’il est doux de se laissser envahir par l’ivresse qui nous gagne peu à peu à la lecture de ce roman envoûtant. Une pleine réussite. (7 février 1989)  Lire l’article

Ouest-France (Daniel Yonnet)

Quand la Loire devient le Nil …

Michel Chaillou nous offre un roman de toute beauté. Son imagination de gosse est restée pure. Sa voix a conservé les angoisses d’antan. Ses grands-parents paternels sentent bon l’eau de javel, le pain chaud, l’honnêteté des simples et l’affection sans limite. (6 février 1989) Lire l’article

24 heures de Lausanne (Jean Pache)

Une descente en soi

Dans une langue d’une invention poétique constante, Michel Chaillou conte l’histoire d’un nœud . Samuel dit « la boule d’angoisse. » Il crée un picaresque de l’enfance, où vécu et imaginaire s’engrènent pareils au « mensonge à roue dentée ». (25 février 1989)

Le Dauphiné libéré (Didier Pobel)

Traversées du miroir

Et si, dans son dernier ouvrage, La Croyance des voleurs, Chaillou manifeste d’emblée son goût pour une sorte d’autobiograhie onirique, on ne lui reprochera pas de ne pas être en prise directe avec la vie, tant le langage est ici générateur d’un monde grouillant qui acquiert même souvent une dimension animiste. (28 février 1989)

Art press (interview par Philippe Diméo)

Michel Chaillou, l’enfance de la narration

C’est une langue éminemment sensuelle, toujours en crue, rythmée à l’extrême qui vient saturer l’espace de la narration. S’il atteste d’une évidente fidélité thématique, cet univers romanesque densément onirique, doué d’une mémoire littéraire peu commune, n’en redéploie pas moins constamment sa langue tout en soubresauts et palpitations haletantes. C’est que Michel Chaillou n’entremêle les époque et les lexiques les plus disparates qu’en vue d’une composition totale du monde et du moi qu’il voudrait sans résidu. […]

Roman populaire, roman initiatique, roman privé, roman fantastique. La croyance des voleurs offre une multitude de niveaux de lecture. Deux rythmicités, deux intentions s’y interpénètrent : la vitesse d’un temps progressif, linéaire, vient dialoguer avec les lenteurs d’un temps éternel – celui de la mémoire, d’une mémoire démesurée qui entend étreindre toute chose – trouvant dans l’Egypte ancienne son allégorie. Tout symboliquement le retour du personnage est un retour de l’enfant. L’enfant chaparde, son plus beau larcin c’est ce passé qu’il pétrit à un temps indifférencié pour mieux nier toute temporalité, toute séparation. Il s’agit aussi d’une protestation contre la mort. ( 133, février 1989)

Dernières nouvelles d’Alsace (Danièle Brison)

L’Egypte de Sammy

La Croyance des voleurs n’est pas une reconstitution, une singerie de l’enfance. C’est tant d’années après, toujours et encore, ces mêmes mots en boule qui font voyage de tout, de rien. C’est excellent vraiment.(3 mars 1989)     Lire l’article

Sud-Ouest Dimanche (Fabienne Bourseau)

L’art du tzigane

« Chez nous, on a une table, quatre chaises, plus l’éternité. » Telle est la première phrase de La croyance des voleurs, dernière composition – magistrale – de Michel Chaillou. Soit un récit des plus singuliers, haletant, puissant, mené à un train d’enfer. Une histoire de voleurs, une histoire de famille, une histoire d’âmes […] Une enfance perturbée et difficile , que Michel Chaillou restitue dans une langue capable de rattraper les chemins caillouteux de la jeunesse. pour ce il compose à la manière d’un musicien et fait du rythme son maître mot. Des chapitres brefs, dont les débuts se placent instinctivement dans l’éternité du livre, et une construction chaotique donnent au roman la saveur déroutante de la discordance, préférée ici – fort justement – à l’harmonie. ( 23 avril 1989)

La Presse (Jacques Folch-Ribas)

C’est le récit d’une enfance, celle du petit Samuel, qui pourrait être celle de mille autres. Un enfant vit près de son grand-père et de sa grand-mère en province. Il a aussi un secret qui fait de lui un voleur – presque. Il a des copains et des copines. Il a un rêve, enfin, comme tous les enfants ; le sien, c’est Egypte. Je ne vous en dis pas plus. Vous pousserez quelques ah, et oh, ce sera de la jouissance. Seul, il écrit ainsi.(28 janvier 1989)

Nouvelle revue de Lausanne (Valérie Bonard)

 « La Croyance des voleurs », une fuite en Egypte

Ceux qui n’ont pas encore lu La Croyance des voleurs ont de la chance : ils pourront l’emporter en vacances. Où qu’ils aillent, ils seront en Egypte, quels qu’ils soient, ils retrouveront l’esprit d’enfance. Mais ce n’est pas cela seulement qui les enchantera. Ils découvriront le naturel, l’humour, la poésie de Chaillou, l’immédiateté de son langage, ses raccourcis, ses glissements, ses collages. (4 août 1989)  Lire l’article


Radio

  • Nuits magnétiques, France Culture 6 janvier 1989, « Enfance et Fiction ». Entretien  de Michel Chaillou avec Marie-Louise Audiberti.
  • Agora, France Culture 24 janvier 1989. Entretien  avec Gilles Lapouge.
  • Lettres ouvertes, France Culture 1 février 1989. Entretien avec Christian Giudicelli.
  • Un livre des voix, France Culture 9 février 1989.  Entretien avec Gilles Plazy. Textes lus par Gérard Caillaud.
  • Du jour au lendemain, France Culture 1er mars 1989. Entretien avec Alain Veinstein.
  • Interactif, Radio Suisse Romande 17 mars 1989. Entretien avec Jacques Beaufort.

Télévision

 

  • Midi CocktailFR3 Nantes, 12 janvier 1989. Invité par Maette Chantrel et Christian Rolland. 
  • Journal télévisé, FR3 Midi Pyrénées, 13 mai 1989. Invité par Aline Pailler.
  • Apostrophes, Antenne 2, 26 mai 1989. Invité par Bernard Pivot après le Prix des libraires.
    Voir la vidéo.

La Croyance des voleurs

roman, Seuil 1989, « Points » n° P893

Un roman de l’enfance, en bord de Loire, à Nantes. Première apparition de Samuel Canoby, le héros d’une série à demi autobiographique, partagée entre fiction et réalité.

Prix des Libraires 

Prix de la Ville de Nantes

Prix Vitet de l’Académie Française

Le rêve de Saxe

« A-t-on jamais entrepris la biographie de l'Amour, fait le conte, dépenses et sorties de sa vie musarde ? Né ici, mort là. »

roman, Gallimard 1986

Le Monde (le feuilleton de Bertrand Poirot-Delpech)

Sous les draps du dix-huitième siècle

Aimer les mots et aimer les corps, c’est tout un. Deux siècles de concepts et de moralisme ont enseveli cette vérité croustillante. La voici réhabilitée, avec une érudition et une luxure qu’on croyait éteintes à jamais. Pour y arriver, il fallait un gentil obsédé. Il s’appelle Michel Chaillou. Fouineur de paragraphes – ces bosquets – , marieur de genres, on l’a déjà vu, comme Domestique chez Montaigne, accoupler l’histoire et la géographie, pas moins … […] Attention : Chaillou n’écrit pas « sur » les dessous du dix-huitième. Il les z’yeute, de tout son appétit, il ne reconstitue pas les « petits appartements » de Versailles; il y couche en rêve, il y crève d’envie. Il pétrit le kaolin du souvenir, comme le porcelainier fixe une contorsion caressante, une nuance d’élan, une roseur émue. A la manière de l’époque, il mêle sexe et religiosité. A la façon du plaisir, il ignore le lendemain, entendez : le chapitre suivant. Il écrit devant soi, comme on chasse. Que se lève la bête inopinée ! La volupté guettée au saut du lit, au détour du bois, fourrure qui s’enfuit … (vendredi 20 juin 1986)

Le Figaro (Michel Nuridsany)

Michel Chaillou : faisons un rêve

« J’écris amour porcelaine. J’ambitionne d’être le troisième terme qui les unit affectueux, cassables », indique Michel Chaillou. Et c’est en effet ainsi que fonctionne et se développe ce livre qui ressemble à une pâte de porcelaine – la porcelaine naissant de la porcelaine, comme l’amour naît de l’amour, l’art de l’art – roman brillant, hanté par l’idée que le verbe contient la matière du monde. La bibliothèque n’est pas ici ce qu’elle put être chez Borgès : elle est dépôt. C’est le bottin de l’imaginaire. Reste au créateur à pétrir la pâte : alors le verbe se fait chair. (29 août 1986)

Libération (Jean-Didier Wagneur)

Michel Chaillou : Saxe machine

La « rêvasserie » du narrateur (il tient à ce mot gras comme l’argile) alimente un récit plein de digressions picaresques où reviennent en blocs d’amour la Nationale, les amitiés, le quotidien anachronique d’une famille, sur fond de rose « Pompadour ». « Machine à étaler » plutôt qu’à remonter le temps, Le Rêve de Saxe met bout à bout, mot à mot, phrase à phrase, le passé, le présent, l’Histoire et le fantasme. […] A réserver aux « amateurs » au sens fort du mot, et à interdire aux « éléphants », Le Rêve de Saxe est le contrepoison idéal aux cauchemars historiques dans lesquels la littérature est trop souvent bordée. (lundi 5 mai 1986)

L’Humanité (Claude Prévost)

Fictions joueuses

Le brocanteur Chaillou est capable, quand il le veut, de brosser de grandes scènes […] Mais son goût du rafistolage lui évite l’emphase […] Cela donne un récit sautillant, d’un charme extrême, celui du discontinu, de l’inattendu. (28 mai 1986)

La Quinzaine littéraire (François Aubral)

Plein de jus

Michel Chaillou ne badine pas avec les archives, ses « bottins de l’imaginaire »: il les enchante et les fait craquer jusqu’à ce qu’elles cèdent aux charmes de son écriture dont la nature est romanesque et la puissance poétique. […] Ce qui brille dans ce roman, c’est l’art et la manière des digressions, dans le temps, les changements de décors, de registres, de ton : il conviendra un jour d’étudier ces passerelles toutes en finesse. […] Un livre qui fait lumière dans la grisaille littéraire actuelle. Un livre impossible à chroniquer parce qu’aucune de ses pages ne permet de déduire la suivante. ( 1er au 15 juin 1986)

Télérama (Michèle Gazier)

Évocation d’un siècle des Lumières où la pénombre surtout était propice à la complicité des corps, à la ferveur des rencontres, à la performance amoureuse, au duo sur canapé. Michel Chaillou traque les amoureux du XVIIIe siècle dans la très sérieuse Bibliothèque Nationale. Voyageur du temps jadis, il guette l’amourette et la bagatelle et flirte avec la langue française. Il la caresse, la butine, la flatte et l’apprivoise avec le talent d’un écrivain accompli. Un vrai festin gourmand, une fête galante. (16 juillet 1986)

L’Express (Jean-Baptiste Michel)

M. le Maréchal rêvait de porcelaine

Sortir de soi pour entrer dans la peau d’un homme du XVIIIe siècle, s’approprier sa « vision », son goût, son toucher, son odorat, voilà le pari le plus fou et pourtant le plus logique que puisse faire un historien, surtout s’il se double, ici, d’un romancier-poète. Cette promenade est une quête. Le désordre des pensées, comme le bric-à-brac des antiquaires, révèle sa poésie, sa poétique. […] Toute l’Histoire tremble ainsi au bout de quelques sensations, et ce « work in progress » réinvente le roman historique. (6 au 12 juin 1986)

L’Evénement du Jeudi (Alain Duault)

Les dames du temps jadis
Sexe, Saxe, sperme et syntaxe Michel Chaillou s’amuse follement dans les combines du siècle de Louis XV

Ce n’est pas vraiment un roman historique, mais c’est un roman avec l’Histoire, un roman où l’Histoire sert de perfusion au récit, où le présent dérape sans cesse sur le XVIIIe siècle – l’époque Louis XV comme on dit du mobilier. Où l’écriture et l’imaginaire se nourrissent de ces années poudrées jusqu’à faire apparaître le présent comme un trompe-l’oeil, un trompe l’esprit, un trompe la mémoire. Car pour Michel Chaillou ce passé semble bien plus son vrai présent que cette époque, la nôtre, sur laquelle il ricoche pour revenir à ses amours. (10 juillet 1986)

Le Point (François Nourissier)

Michel Chaillou est un écrivain rare, sourcilleux, volontiers provocateur (jusqu’à infliger quelques inutiles tortures à une langue très classique) que retrouveront ou découvriront avec un plaisir un peu pervers les vrais amateurs de mots, les fous de rythme et de phrases, ceux qu’une prose fruitée, bousculée, hérissée, plonge dans ce plaisir secret, peut-être incommunicable, auquel je veux ici faire référence. (2 juin 1985)

La Tribune de Genève (François Tranchant)

Le Rêve de Saxe est un merveilleux livre à tiroirs, bottin de l’amour au 18e, un agenda rempli de rendez-vous avec un autre siècle : le bain froid de la Dubarry, l’empoisonnement de l’infidèle Lecouvreur, les orgies de la Guimard, Mme de Mailly, les plus belles jambes de la cour, les vingt-quatre pensionnaires du Parc au Cerf, sérail du roi. Les petits riens de la cour : le roi fabrique des tabatières, se déguise en if au bal masqué, écrase les orteils du sieur Darboulin, le dauphin, six ans, retire le fauteuil sous le postérieur de sa mère et la fait tomber … (5 juin 1986)

Elle a choisi

La promenade au royaume de Saxe et des belles créatures en biscuit, alanguies et consentantes, ne risque de choquer que ceux qui voient le mal là où il n’est pas et n’admettent pas que le temps, l’Histoire, absolvent bien des fautes, à condition que triomphe l’amour. ( 16 juin 1986)

VSD (Jean-Pierre Enard)

Le style de Chaillou est d’une habileté époustouflante. On s’en délecte. Le Rêve de Saxe est un livre qui rend heureux : voilà qui devrait lui assurer des lecteurs en foule ! (7 au 15 mai 1986)

Marie-Claire (Claire Méheust)

Au temps du Bien-Aimé qui aima lui-même beaucoup, on disposait de 1300 mots pour désigner l’amour. 550 pour le sexe masculin. 600 pour le féminin. Une richesse que redécouvre avec délices Michel Chaillou. […] De bien jolies pages débraguettées pour un aimable divertissement où l’humour fait assaut d’érudition. (juin 1986)

Le Nouvel Observateur

A lire ou relire pour la plage

Du sexe, quelques raves, toute brocante jardinière et amoureuse qui faisait le charme lent de « Domestique chez Montaigne » et du « Sentiment géographique ». Michel Chaillou écrit comme on taille les sabots dans le Rouergue : au racloir et à la caresse. Les fantasmes réduits en copeaux, reste la poésie. Superbe. (4 au 10 juillet 1986)


Radio

  • Démarches de Gérard Julien Salvy, France-Culture 31/05/1986
  • La nuit et le moment de Laure Adler, France Culture 27/05/1986
  • Panorama de Jacques Duchâteau, France Culture 13/06/1986
  • Du jour au lendemain d’Alain Veinstein, France Culture 22/07/1988, après la réédition en folio

 

Le Rêve de Saxe

roman, Gallimard 1986, « Folio » n° 1947

« A-t-on jamais entrepris la biographie de l’Amour, fait le conte, dépenses et sorties de sa vie musarde ? Né ici, mort là. »

La vindicte du sourd

Un roman d'aventures pour la jeunesse, dans une presqu'île battue par les vents.

Prix Korrigan

roman pour la jeunesse Gallimard 1984

Le Matin (Francis Dumont)

L’écrivain Michel Chaillou dont le « Domestique chez Montaigne » avait été salué récemment par la critique s’est prêté à un exercice plus difficile qu’il n’y paraît : écrire un roman d’aventures dans la veine de l’Ile au trésor …

Il y a donc bien un trésor, une grotte, une goélette et des pirates, il y a donc bien une énigme, dont on ne dévoilera pas le fin mot, qui, d’ailleurs, ne nous appartiendra jamais. Car l’énigme résolue, il restera des secrets – celui d’un père sur qui le soupçon se sera porté, et sans doute à raison, celui d’un village qui l’aura partagé dans un mutisme et une surdité volontaires, celui d’un petit garçon qui aura perdu dans l’histoire l’innocence qu’il se prêtait. ( 12 juin 1984)

Esprit (André Marissel)

Rien de ce que publie Michel Chaillou n’est indifférent. Envoûtement, charme, profondeur. La Vindicte du sourd est un petit chef d’œuvre : le lieu de nos troubles, de nos inquiétudes, de nos interrogations les plus persistants. ( n°12, décembre 1984)

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Radio :

« Le livre ouverture sur la vie »:  dialogue avec des lycéennes, France Culture 13 février 1985

Ecouter

Télévision

« Latulu et Lireli », Récré A2 : plateau Dorothée et Jacky, Antenne 2 , 24 août 1984

La Vindicte du sourd

roman, Gallimard 1984, « Folio Junior » n°263

Un roman d’aventures pour la jeunesse, dans une presqu’île battue par les vents.

Prix Korrigan

Domestique chez Montaigne

roman, Gallimard 1983. Réédition en 2010 coll. L'imaginaire.

Un gardien du château dans la célèbre tour.Le lecteur est invité à chausser des bottes de quatre siècles.

Sélectionné pour le prix de France Culture

Domestique chez Montaigne

Un gardien du château dans la célèbre tour.Le lecteur est invité à chausser des bottes de quatre siècles.

roman, Gallimard 1983, coll. L'imaginaire 2010
Après la réédition dans la collection « l’imaginaire » en 2010

Le Matricule des Anges (Thierry Cecille)

C’est un labyrinthe qu’il nous faut ici explorer, apprivoiser – et sans autre fil d’Ariane que la curiosité, rapidement mise en appétit, et le plaisir du texte. (n°216, Septembre 2010) Lire l’article

Le Monde des livres (Clara Georges)

Enquêtes existentielles

Dans Domestique chez Montaigne, la trame n’est qu’une série de détours. Passé les premières pages, si elliptiques que la lecture en est malaisée, on retrouve les mots charnus, les phrases chaloupées et enivrantes de Chaillou. C’est un livre dense – déconseillé, par exemple, dans les transports en commun. Il faut s’y laisser griser par les mots qui, parfois, parachutent le lecteur contre la chaleur d’un poêle dans une cuisine ou au fond d’un verger. La parole de Michel Chaillou, dit-il lui-même, est « un pays étrange ». Où des couches successives, de pensées, de gens, de lieux sont explorées. « On ignore trop que les choses s’épouillent, que des chaises, un fauteuil, la cavalcade d’un banc produisent des raclures, débris ligneux, coton, germes. Le château enfanterait presque son double crénelé à disperser au plumeau. » Ainsi, à la manière du château de Montaigne, nous voici tout dépoussiérés. (Le Monde des livres, 26 juin 2010)

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(où il est aussi question du Crime du beau temps)

Après la première édition dans la collection Le Chemin en 1983

Le Monde (Bertrand Poirot-Delpech)

L’effet de vie grouillante de son livre procède aussi de la langue même : un dialecte qu’on dirait venu, à travers champs, du vieux françois. Les métaphores sensuelles et rustiques s’y bousculent, brèves, musclées, musquées. Des verbes puissants confèrent aux choses une vivacité animiste […] On voudrait pouvoir écrire : c’est du Chaillou, comme on dit d’un patois, d’un cru fort en tanin. Appellation contrôlée et incontrôlable, qui a vite fait de monter à la tête. On se promet de n’en boire qu’un verre, comme ça, en claquant de la langue; et pfuitt, la bouteille y passe ! (vendredi 11 février 1983)

Encyclopaedia Universalis (Gilles Quinsat)

« Domestique chez Montaigne »/ Michel Chaillou

Depuis son premier roman, Jonathamour, dans lequel l’intrigue amoureuse avait pour contrepoint et pour obstacle la rêverie tout intérieure poursuivie par le narrateur à travers récits de voyage et de piraterie, Michel Chaillou n’a cessé d’écrire des livres dans lesquels prime la recherche d’un moment de grâce: celui où réel et imaginaire ne s’ignoreraient plus mais, se tournant l’un vers l’autre, finiraient par se compénétrer. Projet déjà inscrit en toutes lettres dans Jonathamour : « Entre les mots, les choses, un lieu où se réunissent les histoires. Peut-être une pièce, un château, une serre, un endroit bourré. Je ne sais pas. »[…] Cette ébriété langagière inspirée par un lieu (c’est au contact du lieu que toutes choses commencent vraiment à parler), nous la retrouvons dans Domestique chez Montaigne (Gallimard). Nous touvons aussi, amplifiées et orchestrées aux dimensions d’un roman, les accointances qui peuvent lier un nom et un lieu. Marcel Proust ici n’est pas loin. Car « faire la visite du château », c’est aussi bien « visiter un nom », s’immerger en lui, le sillonner en tous sens, en explorer la géographie jusqu’à épuisement de ses possibilités narratives. Ainsi, Montaigne, présent sur la couverture du livre, en représente-t-il l’indispensable sésame. Au lecteur, il signale d’emblée un réseau complexe de chemins et de traverses qui le conduiront non seulement vers l’oeuvre et vers la vie de l’écrivain – indissociables -, mais aussi vers le village attenant au château, qui porte le même nom. Dès lors un glissement constant entre le passé et le présent, entre ce qui est vu et ce qui est lu, le présent de l’errance et le passé obstinément rameuté, est rendu possible. Et se tressent un à un les fils d’une écriture qui est moins rêverie que mémoire en acte, impossible à déchiffrer à l’aide de telle ou telle clé qui la rendrait intégralement lisible. Au contraire, la mémoire dont semble imprégnée la langue de Michel Chaillou, ne se tient jamais dans la distance du souvenir. Elle préfère parler au présent et s’incarner dans les êtres innombrables ou dans les objets de rencontre qui lui donneront brièvement vie. ….

Times Literary Supplement (Terence Cave)

Complexities of the moi

(recension couplée avec celle du Montaigne en mouvement de Jean Starobinski)

Time, then, is one of the main themes of the novel. Through devices such as oscillations of tense, parataxis, bewildering justapositions and unexplained associations, Chaillou recreates in his own terms a Montaignian preoccupation with le passage and the discontinuity it inflicts on individuals and their perception of the world. One consequence of his method is the almost total absence of narrative sequence. The « story » of the characters, from Montaigne downwards, is fragmented and dispersed; in a few cases, elements of narrative belonging to a given character can be picked out and put together (this isn’t a nouveau roman), but the novel invites the reader, by its very structure, to resist the temptation and commit himself to the passage. The other main consequence, also Montaignian (although perhaps nourished by phenomenology), is the priority given to sense-experience : the novel begins with a series of graphic, uncompromosingly physical notations (Alex getting up in the morning) […] Chaillou seems indeed to suggest tha the mos appropriate response to the Essais is to move aout of the realm of intellectual refexion, even out aof language itself, into the realm of immediate sensation and action. In this, his novel concurs with Starobinski’s notion of a « repli sur le présent – dans la vie du corps, dans l’ivresse ou l’extase ». Both writers display in their very different ways a nostalgia for presence, which is no doubt one of the reasons why they write about, or around, Montaigne. But Chaillou and Starobinski, no less than Montaigne, love the detours of language. Their celebration of « présence au monde » is also inescapably a celebration of literature as a special variety of experience. … (TLS, 3 juin 1983)

Esprit (André Marissel)

Le style inventé, imposé par Michel Chaillou, restitue bruits, couleurs, odeurs, et donne à voir, touches après touches, des personnages – artisans, jardiniers dont les humbles travaux n’ont rien de commun avec les péripéties de vie intellectuelle pimentées d’érotisme. Pour Chaillou les formes d’activité et de pensée, de patiente et cocasse érudition, ne sont pas davantage autrefois que maintenant séparées du peuple.

The French Review (Roland H.Simon)

Le roman français contemporain doit à présent compter Michel  Chaillou parmi les tout premiers à nous sortir merveilleusement de la torpeur théoricienne des dix dernières années sans faire aucune concession aux académismes et aux formules toutes faites dont certains nostalgiques appellent le retour de tous leurs vœux. (The French Review , vol.58, n°3, feb.1985, p.492-493)

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The French Review ((Dudley M. Marchi)

Montaigne among the Postmoderns : Chaillou and Sollers reading the Essais

Etude en anglais  dans la revue de l’Association américaine des professeurs de français, (The French Review, vol. 68, n° 4, mars 1995, pp. 581-593.)

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A l’école de la presse (Marie Etienne)

Domestique chez Montaigne est un des grands livres de notre époque, comparable à La Route des Flandres de Claude Simon, est très complexe : un homme séjourne dans le pays de Montaigne et établit un parallèle entre sa vie auprès du gardin du musée de Montaigne et celle de l’écrivain entouré de ses domestiques. (n° 15, septembre 1995)

 

La lecture de Richard Millet (dans Accompagnement)

Les premières lignes :

S’il y a, dans le roman de Michel Chaillou, quelque chose de proprement inouï et d’emblée admirable, c’est bien la langue qui s’y déploie : sa modernité pourrait en remontrer à ceux qui, par ignorance ou démagogie, professent le français langue pauvre, langue morte. Non que ce livre tire sa singularité du seul mouvement d’une écriture en quête d’elle-même. Avec une force neuve puisée à l’arrière-pays gascon, la prose de Chaillou donne à voir, à entendre, à humer et à hanter (siècles, lieux, personnages), jusqu’à ce que nous soyons, à notre tour, pris en langue et hantés par ce que nous aurons, avec le texte, sollicité …(Richard Millet, Accompagnement – Lectures, P.O.L. 1991, pp.142-145)

La lecture de Renaud Camus (dans Demeures de l’Esprit)

[…] Elles sont beaucoup, ces errances, ces courses de la matière du magnifique livre de Michel Chaillou, Domestique chez Montaigne, dont le titre trop modeste révèle insuffisamment qu’il s’agit en fait d’un autre Sentiment géographique, ce chef-d’oeuvre forézien du même auteur. Domestique chez Montaigne est au pays de Montaigne et à la Lidoire ce que Le Sentiment géographique est aux terres d’Honoré d’Urfé et au Lignon : certainement la plus riche évocation , et la plus françaisement orchestrée, de ce que peut être aujourd’hui une visite littéraire et aimante à la tour de Montaigne et à ses parages résonnants – mais pas une de ces visites d’une heure et l’on rentre chez soi, une visite comme il faudrait qu’elles le fussent toutes, une visite qui serait un véritable séjour et suivrait les chemins, se pencherait sur tous les cours d’eau, entrerait dans tous les hameaux, essaierait toutes les vues, garderait longtemps en bouche tous les noms comme autant de gorgées de ce vin du domaine qui se vend à la billetterie. (Renaud Camus, Demeures de l’Esprit, France I Sud-Ouest, Fayard 2008, chap. 3, p.45)

A la radio, émissions  consultables dans les archives de l’INA :
  • Le petit jardin,  8e partie. « Les chemins de la connaissance », France Culture, 7 juillet 1982. Jean-Loup Trassard invite Michel Chaillou à décrire le potager de Montaigne.
  • Un livre des voix, France Culture, 15 février 1983. Lecture de plusieurs passages du livre et interview de Michel Chaillou par Pierre Sipriot.
  • Littérature, « Les matinées de France Culture », 31 mars 1983. Entretien entre Roger Vrigny, Christian Giudicelli et Michel Chaillou sur son roman.

 

La Petite Vertu

Balland 1980, réédition Seuil 1990

Huit années de prose courante sous la Régence. Une anthologie et un roman-rumeur des mots d’une époque.

Le Sentiment géographique

Une rêverie autour de l'Astrée d'Honoré d'Urfé.

Gallimard 1976, collection l'Imaginaire 1989

Le Monde (Jean Ristat)

Dans le lit d’Honoré d’Urfé

Rêveuse géographie.Or voici que paraît un ouvrage dont le propos, à y regarder de loin, serait un commentaire de l’Astrée. L’Astrée, d’Honoré d’Urfé est le premier grand roman français depuis le Moyen Age. Ouvrage de cinq mille pages, publié de 1607 à 1627, en partie apocryphe. Le succès du livre fut considérable jusqu’en pleine Révolution. Jean-Jacques Rousseau enfant lisait L’Astrée, « tragi-comédie pastorale » comme disent les professeurs, roman pour jeunes filles vertueuses (pour ceux qui ne l’ont pas lu). Et pourtant, comme le fait remarquer Gérard Genette, quel éloge du plaisir dans cette histoire de bergers, bergères et nymphes où Céladon, déguisé en fille, vit « à peu près continuellement enfermé dans une chambre avec deux ou trois jeunes filles toujours dévêtues ». Ce n’est point sur ces moments que Michel Chaillou, dans un très curieux récit, Le Sentiment géographique, nous invite à rêver : « Dormons ensemble, les moutons s’écoulèrent … » Ouvrons avec lui L’Astrée : « Auprès de l’ancienne ville de Lyon, du côté du soleil couchant, il y a un pays nommé Forez, qui en sa petitesse contient ce qui est de plus rare au reste des Gaules. » Nous voici, dès les premières lignes, transportés dans un lieu d’utopie où chacun voudrait bien être berger pour vivre selon son cœur. Mais le Forez de Michel Chaillou n’est pas seulement, comme celui d’Honoré d’Urfé, une retraite édénique au milieu d’un monde en guerre. Sa pastorale est « ce fouillis verbal où l’herbe s’exprime par des sons étouffés ». Ses moutons sont les mots qu’il conduit, phrase après phrase, page après page, selon un mouvement admirable de la langue jusqu’au réveil: « Les mots s’alourdissent de mottes, la phrase devient chemin, son sens une direction dans l’herbe anciennement foulée d’un couchant…  »

[…] Il faut lire ce petit livre, le garder comme une perle rare et précieuse : quelque chose s’y annonce avec force, par quoi se reconnaîtront les bergers de demain, ceux qui engrangent les songes. (26 mars 1976)

Le canard enchaîné (Yvan Audouard)

Dans son exquis petit manuel de sieste à l’usage des amateurs de belles-lettres, Michel Chaillou s’amuse à compter les moutons qui paissent sur les bords du Lignon dans l’Astrée d’Honoré d’Urfé. C’est un livre qui s’efface de lui-même au fur et à mesure qu’il « s’étire » dans les plaines indolentes du Forez. Le but recherché (recherché dans les mots assourdis, perdus dans le brouhaha des phrases) est somptueusement atteint. Le livre est merveilleusement soporifique. Il n’y a aucune ironie dans mon propos, cette promenade immobile, qui va paisiblement de n’importe où à nulle part, ce discours « résonnant des ultimes sonnailles du discours en marche », empruntant sans arrêt les « ponts des récits suspendus », cette absence de tout mouvement vrai, de tout intérêt dramatique, font lever irrésistiblement en vous « l’astre unique du sommeil profond éclairant la réalité du songe ». Avant de fermer les yeux pour mieux voir le paysage permettez-moi de vous rappeler le titre de cette friandise délicieuse qui fait de vous un drogué léger : Le Sentiment géographique (NRF, collection Le Chemin).(25 février 1976)

Critique (Michel Deguy)

La sortie en dedans

Le passage au livre, la mobilisation et transformation du temps en temps de lecture (comparable lui-même au temps d’écriture ? c’est à voir) est à figurer : comparons cela à l’entrée dans un labyrinthe, dedans du dehors et dehors du dedans. Comparons cela, à cause de l’aspect matériel des phrases alignées, empilées, à un circuit-machine aux minutieuses tubulures de refroidissement (réchauffement ?) et de compression (décompression). Entrée, donc, dans un étrange appareil; et un récit peut métaphoriser le cours des péripéties de la lecture, transposer la circulation dans le livre, comparée à un engourdissement, à un endormissement sous le charme; et ce serait le récit de la lecture d’un livre qui serait lui-même l’allégorie (la métaphore) de la lecture (et de l’écriture ?) : en l’occurence de la pastorale d’Honoré d’Urfé si le berger, fondamentalement oisif, étant un qui ne fait rien, veille un moutonnement pareil à une phrase … Lire comme on s’endort ? Non pas en effet par un décrochement brutal comme dans l’évanouissement ou la mort, mais par initiation, entrée inchoative, dans une autre dimension, un espace autre dans celui-ci, où vit, j’allais dire « par ailleurs », le lecteur-homme de chair et d’os. Cette entrée est aussi bien une sortie de son dedans dans le repliement de son dehors; et dans l’espace livresque c’est bien son corps qui s’introduit : par les yeux: il y est immobile, et il y cesse de voir, c’est le bâton de lignes qui le guide dans un lieu aveuglé, sans choses; le livre est son Antigone, dans cet espace où le dehors s’est refermé, s’ouvrant à sa mise en absence […] (juin-juillet 1976)

Argos, CRDP académie de Créteil (Marie Etienne)

Un faux voyageur

« Le Sentiment géographique reprend et développe cette notion de territoire chez un écrivain tel que lui. Il y raconte l’histoire des bergers de l’Astrée dans le paysage du Forez, point central de la France en même temps que lieu géographique et symbolique de l’altérité. Le texte contient dans son corps même toutes les notes, références, citations, digressions qui se trouvent la plupart du temps en fin de page, de chapitre ou de livre. « Ayant choisi la prose de l’âge classique et le centre de la France, cet errant du langage qu’est Michel Chaillou nous rappelle qu’il est un faux voyageur, il nous trace les limites d’un territoire comme celui d’Henri Michaux qui est illusoire, tentative mentale de saisir un espace donné, un style, un asile champêtre, un réconfort presque intime », écrit Paul Louis Rossi dans un livre à paraître. » (n°15, septembre 1995)

Esprit (Nicole Casanova)

Ce livre absolument original veut être « une pastorale », c’est-à-dire une façon d’habiter les régions désertes de l’esprit et du temps, l’abord du sommeil, par exemple, ou l’Histoire revécue dans ses moments dont nous ne savons rien. (n° 10, octobre 1976)

Réforme (André Marissel)

D’aucuns verront dans ce livre, à cause des références nombreuses et des citations, un ouvrage savant, une fantaisie d’érudit; au vrai, Michel Chaillou a réinventé les pastorales, en grand rêveur qui souhaite aussi bien l’enracinement que l’évasion, en amoureux des mots qui s’exalte et approfondit ses relations avec le langage et ses possibilités encore inexplorées. Rien de plus inattendu et personnel que le vaste poème de Michel Chaillou ! (27 mars 1976)

Les Nouvelles littéraires (Claude Bonnefoy)

Cette lecture-parcours rompt avec les usages : elle ne se refère pas à l’histoire littéraire, mais seulement, et comme dans les marges d’un discours enchanté, à des livres qui entretiennent avec L »Astrée un rapport géographique (études sur la géologie, le climat, l’habitat, la langue du Forez), thématique (traités d’agriculture, d’élevage) ou souterrain (essais sur le sommeil et le rêve). Lecture inadmissible au regard des règles de la critique. Lecture profonde, féconde, cependant : bercé par le courant des phrases d’Honoré d’Urfé, rêveusement plongé dans le cours du Lignon, Chaillou à son tour habite, invente l’espace forézien. (19 février 1976)

Le Monde (Bertrand Poirot-Delpech)

(rendant compte du colloque sur le Baroque)

Pourquoi ne pas qualifier de « baroque » un écrivain de la pastorale rêveuse tel que Michel Chaillou — Le Sentiment géographique (Gallimard) — tout à sa hantise nocturne de retrouver pêle-mêle, à force de digressions et de demi-sommeils, l’esprit secret du Forez d’Urfé et les figues enfouies ou enfuies du passe, de l’espèce ? » (30 juillet 1976)

Une critique en terre d’Astrée

 

Le  Pays  Roannais

Michel Chaillou, berger des mots

Ainsi Michel Chaillou a-t-il écrit une pastorale 76, mi-roman mi-poésie, un itinéraire de transhumance du rêve vers le réel. Une œuvre de moraliste et de poète qui se défend de l’être.

(11 juin 1976)

 

 

Revue d’histoire littéraire de la France

L’Astrée d’Honoré d’Urfé : fortune et vicissitudes d’un best-seller au XVIIe siècle
Jean-Marc Châtelain et Delphine Denis

… C’est à un rare éloge de la lenteur qu’invite le livre de Chaillou. Avoir su trouver dans cette pastorale romanesque le sublime de l’ineffable est le plus bel hommage qu’on pouvait rendre à l’oeuvre d’Honoré d’Urfé : une invitation au voyage.(décembre 2017, n°4, p.795-796)


radio

Reçu par Jacques Paugham dans l’émission « Ainsi va le monde » France Culture 8 juin 1976 (rencontre citée dans l’article  du Pays Roannais )

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conférence

En août 2003 Michel Chaillou a fait une conférence sur la genèse de son livre lors d’une université d’été organisée par Yannick Linz et Hélène Waysbord,  Patrimoine et littérature au collège et au lycée. La rencontre a donné lieu en 2005 à une publication du SCÉRÉN-CRDP Franche-Comté  où l’on peut lire son texte  intitulé « Le sentiment géographique » (p.113-121).  

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Michel Chaillou